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Deux penaltys et dix cartons : L’analyse arbitrale de Stade Rennais – FC Nantes

Avec de nombreuses décisions fortes à sa charge, M.Buquet a eu du travail lors du derby breton. Analyse arbitrale de Stade Rennais - FC Nantes d'un arbitre officiel amateur.

Ce dimanche 1er octobre, se disputait au Roazhon Park le derby breton entre le Stade Rennais et le FC Nantes pour cette 7ème journée de Ligue 1. Une rencontre qui s’annonçait tendue tant la forme des deux équipes amenait à imaginer un duel serré. Des Rennais invaincus en championnat mais gourmands en matches nuls, des Nantais ressortant de 4 matches sans défaite mais frileux en défense. Un tableau auquel il fallait ajouter des acteurs pas moins importants, M.Ruddy Buquet, arbitre de la rencontre, et ses assistants.

Un connaisseur du FC Nantes au sifflet

Pour la seconde fois de la saison déjà, les Canaris croisaient la route de M.Buquet, déjà en charge de FC Nantes – OM le 1er septembre dernier. Un match qui avait vu Bastien Meupiyou se faire exclure dès l’entame de la partie, suite à une annihilation d’une occasion de but manifeste.

Le mot « derby » posé sur ce match en terres rennaises annonçait la couleur, et n’a pas vraiment laissé la place au repos au corps arbitral. Alors que deux penaltys ont été accordés au Stade Rennais, qu’un autre a été finalement refusé, et qu’un total de dix cartons de couleurs différentes ont été attribués aux deux équipes (7 contre Nantes, 3 contre Rennes), le challenge était au rendez-vous pour l’homme en noir.

Au programme : l’analyse de pas moins de onze décisions prises par M.Buquet au cours de ce match tendu, et à l’origine de nombreuses polémiques, par un arbitre officiel amateur.

Remarques liminaires : cette analyse est effectuée par un arbitre officiel amateur ne prétendant pas détenir la vérité absolue. Elle se base essentiellement sur les textes des Lois du Jeu, des déclarations publiques d’Antony Gautier (directeur de l’arbitrage) ainsi que sur la jurisprudence créée par des situations antérieures. Reste que chacune des décisions arbitrales prises le sont dans le contexte d’un match en particulier, et ne doivent pas systématiquement être comparées.

Première période : Un penalty accordé à Rennes, puis un autre refusé

  • 4ème minute, (49 secondes sur la vidéo ci-dessus) le match vient à peine de commencer, mais est déjà dominé par le Stade Rennais. Le jeune Assignon se faufile sur la droite de la surface de réparation nantaise, crochette Samuel Moutoussamy qui se fait avoir par la ruse du rennais, le faisant chuter par la même occasion. Pas d’hésitation pour M.Buquet qui désigne le point de penalty.
    • Sur cette action, l’existence de la faute ne fait pas débat, elle n’est d’ailleurs pas contestée à outrance par les Nantais. Le coach Pierre Aristouy l’admettant même en conférence de presse. Ici, Samuel Moutoussamy se rend coupable précisement «de faire trébucher un adversaire». Il dispute ici le ballon sans attention, ni égard, ni précaution, ce qui ne nécessite donc aucune sanction disciplinaire selon la Loi 12 des Lois du Jeu. Bonne décision ✅
  • 38ème minute, lancé en profondeur, le rennais Yildirim s’écroule dans la surface suite à un contact avec Alban Lafont. Pour la seconde fois de la partie, M.Buquet désigne le point de penalty. Quelques secondes plus tard, après avoir consulté son assistant, il revient sur sa décision en indiquant une position de hors-jeu de l’attaquant rennais.
    • Ici, la position de hors-jeu n’est pas contestable et le penalty n’a donc pas lieu d’être. Une occasion manifeste se dessinait, d’où le délai pris par l’arbitre assistant pour signaler l’infraction. Il faut également se demander si la décision de siffler penalty, outre la position de hors-jeu, aurait été justifiée.
La poitrine d’Alban Lafont touche le pied du n°99 rennais.
    • Conscient de son retard, Alban Lafont retire intelligement ses mains, reste que, sa poitrine rentre légèrement en contact avec le pied gauche de Yildirim. Bien que ce contact soit très léger, il a bien lieu, et la vitesse de l’attaquant couplée à sa conduite de balle maîtrisée justifiait la décision de siffler penalty. Bonne décision ✅

Seconde période : Le match s’emballe, les sanctions fusent

  • 56ème minute, alors que le rennais Assignon a récolté le premier carton jaune de la partie il y a 2 minutes, suite à une intervention sur Castelletto, le jeu se déroule maintenant devant les bancs de touche, un endroit sensible pour tout arbitre. Le ballon sort en touche avant de revenir sur le terrain, mais alors que M.Buquet a donné un coup de sifflet, Moutoussamy vient poser sa semelle sur le pied de Bourigeaud qui réagit avec véhémence. Une échauffourée s’ensuit, et se conclut par deux avertissements pour les instigateurs de celle-ci.
Profitant du chahut, Assignon pose sa tête contre celle de Moutoussamy.
    • Les deux avertissements sont entièrement justifiés et répondent à une norme de sanction consistant à adresser un carton jaune à un joueur de chaque équipe ayant commencé l’événement. Reste que, un geste en particulier a attiré les regards. Devant les yeux de M.Buquet, Assignon vient confronter Moutoussamy en repoussant son visage d’un geste de la tête. On entend d’ailleurs le banc nantais signaler «un coup de tête». La remarque n’est pas injustifiée, car le geste est matérialisé.
      De manière générale, ce geste aurait été sanctionné d’un carton jaune, reste que, Assignon a été averti deux minutes plus tôt, et cela change beaucoup de choses.En effet, son geste reste mesuré, sans conséquence physique, et le chahut a cessé immédiatement.
      Le patron des arbitres, M.Antony Gautier déclarait cet été au micro de RTL «avoir demandé aux arbitres de faire toujours preuve de davantage de discernement, d’intelligence sur ce genre de situations», en outre il a été donné comme consigne de sortir le carton jaune moins régulièrement si le joueur a déjà été sanctionné sauf pour certains gestes jugés « incontournables », qui portent atteinte à l’intégrité physique des joueurs. Si Moutoussamy avait fini cette altercation au sol, le choix de M.Buquet n’aurait probablement pas été le même. Décision justifiée ✅
  • 61ème minute, le match s’emballe. Alors que Ruddy Buquet était resté dans la pédagogie les 50 premières minutes, les comportements s’échauffent et obligent l’arbitre à sévir. Gouiri s’approche de la surface, mais est percuté par Augusto au niveau de la hanche, l’attaquant franco-algérien finit sa course au sol. Le milieu brésilien du FC Nantes est sanctionné d’un carton jaune et enrage.
    • Ici, Gouiri est proche de la surface et a réussi à éliminer ses adversaires. Il se procure une occasion prometteuse, ce qui justifie amplement l’avertissement adressé à Douglas Augusto. Bonne décision ✅
      Reste que, il est très intéressant d’observer la réaction du milieu brésilien suite à cette sanction, il effectue des mouvements brusques et hurle sur l’arbitre, témoignant d’une tension bien présente. Et ce, malgré le fait que ce carton jaune soit le premier donné à un Nantais dans le jeu. Contrairement aux impressions, à ce moment-là de la partie, le nombre de fautes sifflées des deux côtés reste équivalent.
      Il faut mettre la réaction de Douglas Augusto en comparaison avec celle de Lorenz Assignon, averti 8 minutes plus tôt (vidéo ci-dessous). Dans ce cas là, le joueur, bien que pas d’accord avec la décision, reste calme dans sa réaction. Cette différence est essentielle, notamment dans l’appréciation de M.Buquet lors de la contestation de Mostafa Mohamed conduisant à son expulsion.
  • 62ème minute, suite à cette faute de Douglas Augusto, le coup franc doit être effectué par les Rennais. Ruddy Buquet place alors le mur nantais, qui doit se trouver réglementairement à 9,15 mètres du ballon (Loi 13). Reste que, le trait tracé par M.Buquet semble plus éloigné, ce qui entraîne des contestations multiples. Mostafa Mohamed est averti pour avoir tenté d’effacer la ligne tracée, Pedro Chirivella l’est aussi, même chose pour Nemanja Matic côté rennais.

    • À Tribune Nantaise, nous ne nous sommes pas contenté d’en débattre, nous avons évalué et mesuré la distance entre le ballon et le mur. Sur l’image ci-dessus, chaque trait jaune et orange correspond à la largeur de la surface de but, soit 5,5 mètres. Nous pouvons observer qu’entre la ligne tracée par M.Buquet et le ballon, 2,2 traits de couleur peuvent être apposés. La distance effective est donc d’environ 12,1 mètres. Soit quasiment 3 mètres de plus que l’écartement imposé par les Lois du Jeu. Erreur manifeste ❌
Mostafa Mohamed tente d’effacer la ligne tracée par l’arbitre.
    • Reste que, concernant les sanctions, on peut clairement voir Mostafa Mohamed essayer d’effacer la ligne tracée par M.Buquet à l’aide de son pied. Une infraction qui s’apparente au motif de la Loi 12 « Tracer des marques non autorisées sur le terrain » et qui se doit d’être sanctionnée d’un carton jaune tant elle va à l’encontre de l’esprit du jeu. Bonne décision ✅. Dans la foulée c’est Nemanja Matic qui reçoit un carton jaune, en effet, il ne veut pas s’éloigner du mur nantais malgré les demandes de M.Buquet. Or, la Loi 13 stipule que « Si l’équipe en défense forme un mur de trois joueurs ou plus, les joueurs de l’équipe en attaque doivent se tenir à au moins un mètre de ce mur jusqu’à ce que le ballon soit en jeu. » Bonne décision ✅.

  • 74ème minute, alors que le score est toujours de 1-1, Mohamed est lancé en profondeur par une longue passe de Castelletto. À peine le ballon réceptionné que l’attaquant égyptien est signalé hors-jeu.
    • Le fait est inhabituel, en effet, dans ce genre de situation, nous nous sommes habitués à voir le jeu se dérouler pour observer un éventuel but, avant un contrôle de la VAR. Or, ici le jeu est immédiatement arrêté, suite au signalement immédiat de l’arbitre assistant. Au micro de RTL avant le début de la saison, le chef des arbitres, Antony Gautier indiquait plus de souplesse pour les hors-jeux. Il déclarait « avant, l’arbitre de touche devait attendre que l’action aille au bout pour siffler. À présent, ce dernier pourra siffler en amont si le hors-jeu est évident. »
      L’assistant de M.Buquet a donc du considérer ce hors-jeu comme évident, là où ça n’est pas forcément le cas. Dans un esprit de justice, il aurait peut-être mieux valu attendre, puis voir avec l’œil de la caméra. Décision contestable ❌


  • 77ème minute, les Rennais viennent de prendre l’avantage dans la confusion, alors que le ballon semblait dans un premier temps sorti du terrain, la vidéo montre que ça n’était pas entièrement le cas et valide le but. De l’autre côté du terrain, Mohamed est au duel avec Assignon le long de la ligne de but. L’attaquant égyptien bouscule le défenseur rennais, un geste sifflé par Ruddy Buquet, sans sanction dans un premier temps.
    Mais immédiatement, comme le montre la vidéo, Mostafa Mohamed s’emballe. Il conteste d’abord du doigt, mais surtout effectue un grand geste du bras en direction de l’arbitre avant de se mettre à courir dans sa direction. Face à cette réaction, un second carton jaune lui est adressé, synonyme d’expulsion. À la couleur rouge, Mostafa Mohamed n’en croit pas ses yeux et ne passe pas loin de poser sa tête contre celle de M.Buquet.

      • Ici, la faute n’est pas incontestable, mais pas inexistante. Elle fait partie de la large gamme laissée à l’appréciation de l’arbitre qui voit ici un attaquant faire un mouvement brusque du bras sur l’épaule d’un défenseur qui s’écroule. Dans ce genre de situation, la décision de siffler faute est quasi systématique, dans une logique de protection de la défense. Bonne décision ✅.
        Peu importe l’existence ou non de la faute, la réaction de Mostafa Mohamed dépasse le cadre de la véhémence. Il « manifeste sa désapprobation en paroles » et surtout en actes, d’une manière assez intimidante. Cela aurait pu passer si cela avait été la première fois dans ce match, mais comme nous l’avons vu avec Douglas Augusto précédemment, les Nantais n’en étaient pas à leur coup d’essai. Bonne décision ✅.
        À noter que le barème de la commission de discipline prévoit une suspension de 7 matches en cas de comportement intimidant ou menaçant à l’encontre d’un officiel.

  • 95ème minute, à 10 contre 11, les Nantais sont débordés, Guéla Doué s’insère dans la surface nantaise, à droite, et est accroché par Quentin Merlin avant de trébucher sur le pied de Castelletto, en retard et déjà averti. Nouveau penalty pour Rennes.
    • Ici, la faute est à nouveau incontestable comme pour le premier penalty. Les Nantais n’en rajoutent d’ailleurs pas plus que ça. L’occasion est relativement la même que pour celle qui a entraîné le premier but, et ne nécessite donc pas forcément un carton jaune, d’autant que Castelletto a déjà été averti 10 minutes plus tôt. Même si un carton jaune n’aurait pas été injustifié, il n’aurait pas été donné dans la même logique que lors de l’échaufourée qui n’avait pas vu Assignon se faire exclure. Bonne décision ✅

Dans l’ensemble, la prestation de Ruddy Buquet n’a donc pas été à la hauteur de la copie rendue lors du match contre l’OM le 1er septembre où celle-ci avait été presque parfaite. Ses erreurs principales restent son évaluation de la distance du mur lors du coup franc à la 62ème minute, ainsi que sa précipitation pour siffler le hors-jeu de Mostafa Mohamed avant le but de Désiré Doué. Reste que, sur les 11 décisions analysées aujourd’hui, 9 ne peuvent être considérées comme des erreurs.

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