Cette saison en National 2, la réserve du FC Nantes patine. Actuels 13èmes du groupe D, les Canaris de Stéphane Ziani se déplacent à Bergerac samedi pour poursuivre leur opération maintien. Car au mois de juin, réforme des championnats oblige, ce sont 22 équipes qui seront reléguées en N3. Une évolution qui pousse les clubs professionnels à réfléchir à l’avenir de leur équipe réserve. Dans le podcast Sans Contrôle, Samuel Fenillat, le directeur du centre de formation du FCN, évoquait le projet d’un championnat dédié.
Un problème structurel
« Notre réflexion a déjà évolué cette année par rapport à la réserve. Sur les dernières années, on souhaitait rester en N2 parce qu’on avait le sentiment que le niveau était supérieur. Avec le temps, on se rend compte que ça peut parfois être contre-productif », explique-t-il. Si cette dernière marche avant le monde professionnel est cruciale, les objectifs de résultats et de développement des joueurs sont en effet difficilement compatibles.
« La situation des réserves en National 2 est catastrophique. Six sur dix sont relégables, et deux sont onzièmes », remarque Jérôme Bouchacourt, qui suit les championnats nationaux pour le site footamateur.fr. Dans cette situation, deux options s’offrent aux staffs des centres de formation. D’un côté, équilibrer l’effectif entre jeunes talents et joueurs d’expérience, habitués à ce niveau, pour construire une équipe capable de rivaliser avec les clubs amateurs les plus aguerris. Le risque est alors de bloquer la progression de certaines pépites.
De l’autre, construire une équipe plus jeune pour confronter d’emblée les meilleurs éléments de l’académie à un contexte très compétitif. Seulement, le risque sportif est conséquent. Cette saison déjà, le staff des Canaris a choisi de rajeunir son effectif. Plusieurs champions de France U19 tels que Mathieu Acapandié ou Hugo Boutsingkham ont ainsi rejoint l’effectif de Stéphane Ziani. Samuel Fenillat l’assume : « On a pris le pari de faire la saison avec des plus jeunes et d’essayer de se maintenir. Avec les conséquences que ça peut avoir, à savoir descendre en N3. »
Vers un championnat des réserves ?
Pour pallier ce problème, l’hypothèse d’un championnat dédié aux équipes B des clubs professionnels émerge. « La solution pour nous serait de sortir de ces compétitions fédérales et d’avoir un championnat des réserves. L’idée serait de l’encadrer en termes d’âge. Et de l’ouvrir à quelques joueurs un peu plus vieux qui auraient besoin de temps de jeu. Par contre, on se garderait des temps, sur les week-ends de coupe de France notamment, pour aller jouer contre des National, des N2 éliminées. » détaille le directeur de la formation nantaise dans Sans Contrôle.
« La priorité, c’est que les jeunes jouent. Et aujourd’hui, ce n’est pas le cas. » – Samuel Fenillat dans Sans Contrôle.
En France, l’AS Monaco a déjà franchi ce cap cette saison. L’équipe B, reléguée en N3 à l’été 2022, a laissé sa place à un groupe élite, qui dispute des matches amicaux contre d’autres formations de jeunes issues de grands clubs européens. En Angleterre, l’idée d’un championnat U23 est déjà expérimentée. C’est la Premier League 2, dominée depuis trois saisons par les jeunes de Manchester City. « Si on veut pousser les instances à le faire, nous, clubs, il va falloir qu’on le fasse », conclut Samuel Fenillat.
Adapter les calendriers
D’autres pistes peuvent aussi être examinées. Parmi elles : l’aménagement des calendriers, qui sont à la source de l’essentiel des crispations sur ce sujet. « Quand les matches de Ligue 1 se jouaient le samedi soir, souvent la réserve jouait le dimanche après-midi. Donc tu pouvais faire redescendre les jeunes qui n’étaient pas entrés en jeu. Aujourd’hui, ce n’est plus possible », résume Jérôme Bouchacourt. De même, Samuel Fenillat soulève la nécessité « d’adapter les effectifs et les calendriers ».
Par exemple, Lohann Doucet, qui s’entraîne avec les professionnels et est régulièrement présent dans le groupe sans entrer en jeu, totalisait à peine 10 minutes de compétition entre janvier et mars. Ces dernières semaines, le jeune milieu nantais a disputé plusieurs matches avec la réserve, brassard de capitaine au bras. Pour ce type de joueur à fort potentiel, une telle situation n’est pas tenable. En N2, N3, ou ailleurs, le FC Nantes a donc encore fort à faire pour optimiser l’intégration de ses jeunes pousses au football professionnel.