Alors que la Ligue 1 bascule dans l’ère des propriétaires étrangers, le FC Nantes reste une exception. Propriété de Waldemar Kita depuis 2007, le club résiste aux offres et conserve une gestion française dans un championnat désormais mondialisé. Analyse d’une singularité, appuyée sur l’enquête de L’Équipe.
La transformation du football français s’accélère. Dans L’Équipe, Loïc Féry, président de Lorient, résume l’enjeu : « En Ligue 1, on se bat contre des gens qui ont tous davantage de moyens tous les jours ! » Lorient s’apprête à intégrer le groupe américain BKFC. Il deviendra ainsi le onzième club sur dix-huit de Ligue 1 contrôlé par des capitaux étrangers ou majoritairement extérieurs. Au milieu de ces bascules, Nantes ne bouge pas. Depuis 2007, le FCN reste la propriété de Waldemar Kita, un cas rare parmi les clubs les plus titrés du pays.
Des atouts… mais loin du modèle européen
Waldemar Kita apparaissait cet été à la 260e place du classement Challenges (des fortunes françaises), avec 550 M€ estimés, rappelle L’Équipe. Mais la concurrence financière reste immense. Pour Vincent Chaudel, fondateur de l’Observatoire du sport business, cité dans l’article :
« Nantes est en Ligue 1, avec un centre de formation dynamique, une équipe féminine en D1, un gros bassin de population, un gros stade qui mériterait d’être rénové mais rempli, un joli palmarès, des références… C’est un cas atypique aujourd’hui. »
Cependant, il prévient :
« Ce n’est pas un club qui a les moyens de viser la C1… mais il n’est pas exclu que Nantes soit capable d’être entre la 7e et la 10e place. »
Un propriétaire sollicité mais jamais convaincu
Selon L’Équipe, Waldemar Kita n’a jamais reçu d’offre assez solide ou satisfaisante à ses yeux. Ni du fonds d’investissement anglais en 2019, ni du Collectif nantais, qui affirmait avoir proposé 80 M€ en décembre 2023, une offre que le président nantais a démentie avoir reçue.
Le propriétaire explique clairement la situation :
« Globalement, il y a eu beaucoup de demandes mais pas sérieuses. Comme si on voulait m’acheter ma voiture en me disant qu’il manquait un peu d’argent pour l’acheter. Et qu’en attendant de le trouver, on me disait : on peut quand même vous la prendre ? »
Les discussions n’auraient jamais atteint un niveau permettant d’évoquer concrètement un projet autour d’une table. La rumeur d’une valorisation du club à 150 M€ ? Kita la nie fermement, encore selon L’Équipe.
Waldemar Kita réaffirme toutefois son ouverture à un partenaire crédible :
« Comme je l’ai toujours dit, si quelqu’un m’annonce qu’il est capable de venir et d’apporter un plus, je prends tout de suite. Ce qui suppose des moyens crédibles. Mais ce n’est pas seulement une affaire d’argent. »
Et il ajoute une préoccupation forte :
« Il y a une question de responsabilité, de volonté de s’inscrire dans une culture et un savoir-faire français à préserver. Moi, ce qui m’inquiète, c’est qu’on se retrouve demain avec des jeunes qui partent dès 14-15 ans dans des clubs étrangers. »
Dans un paysage dominé par les investisseurs internationaux, le FC Nantes reste une forteresse française. Mais combien de temps cette résistance pourra-t-elle durer face à un marché et à un football devenu global ?

