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Interview. « On est plus un club formateur qu’un club de stars », Jérôme Pénisson, capitaine du FC Nantes Cécifoot

À quelques jours de la reprise du championnat, le capitaine du FC Nantes Cécifoot, Jérôme Pénisson, a répondu aux questions de Tribune Nantaise.

C’est un international français, ex-finaliste de la Coupe de France, et capitaine des Jaune-et-Vert, mais bien éloigné des strass et paillettes de la Beaujoire. Adepte de sa discipline depuis plus de 14 ans maintenant, Jérôme Pénisson est un véritable passionné de son sport : le cécifoot.

À l’occasion du Tournoi de Prague (ce weekend des 23 et 24 septembre), la première occasion pour lui et ses coéquipiers de se mesurer à d’autres équipes dans cette pré-saison, et quelques semaines avant la reprise d’une nouvelle édition du championnat de France, le capitaine du FC Nantes Cécifoot a répondu aux questions de Tribune Nantaise.

« En quoi a consisté votre préparation estivale, autant individuelle que collective pour anticiper la saison 2023-2024 ?
C’est essayer de se remettre au niveau après l’été. On prend un peu de poids, on perd l’habitude car notre saison se finit fin juin et on reprend fin août. Ça fait une grosse coupure. On retouche le ballon, on refait du physique. Il y a deux semaines on a fait un stage le temps d’un weekend sur la côte. On travaille sur le physique, la tactique, le technique.
Là ce seront les premiers matches amicaux pour se préparer. On aura pour la première fois l’occasion de se rendre en club à l’étranger (au Tournoi de Prague, NDLR).
L’année dernière c’était trop dur pour s’organiser, mais on a reçu l’invitation pour cette année au printemps donc on a dit oui.

Bilan du weekend : Les résultats du Tournoi de Prague sont tombés. Après des victoires face à Schalke et Ingolstadt, et un match nul contre Prague, les Nantais se sont inclinés en finale aux tirs aux buts face à Budapest.

Un objectif en tête pour ce tournoi de préparation ?
Je ne connais pas trop les niveaux des équipes là-bas. On est dans une poule avec Budapest, Ingolstadt et Prague. Le niveau ne doit pas être très élevé, mais bon, on a pas fini bien haut non plus la saison dernière (4ème sur 5 dans la Poule Sud, puis derniers en Poule Challenger, NDLR). C’est pas plus mal pour se préparer.

« La première division, ce serait un objectif énorme »

Justement, cette nouvelle saison 2023-2024 de championnat, avec quel état d’esprit l’abordez-vous collectivement ? Des objectifs ?
L’ambition est de bien figurer dans la Poule Sud en première partie de saison (les équipes sont réparties géographiquement dans un premier temps, puis par niveau, NDLR). On sera avec Toulouse, Mérignac, Clermont Ferrand et Bondy. Au moins trois d’entre elles sont vraiment au dessus, donc on va essayer de bien figurer.
Puis dans un second temps, dans les poules de niveau, aller chercher la première division ce serait un objectif énorme, même si j’y crois peu. Et dans l’autre cas, en deuxième division, l’objectif serait de jouer les deux premières places.

Vous me parliez de « travail tactique » en début d’interview, si elle existe, en quoi consiste la « tactique à la nantaise » en Cécifoot ?
On essaie au maximum que les joueurs soient polyvalents, qu’ils puissent jouer à tous les postes. On a un effectif assez large par rapport à d’autres clubs.
Notre objectif, c’est d’avoir des joueurs de la région, qui sont du coin. On préfère des joueurs un peu plus faibles du coin, plutôt que de faire comme beaucoup de clubs : faire venir des joueurs de l’autre bout de la France qui s’entraînent très rarement. C’est plus un club formateur qu’un club de stars.
Ce weekend on part à Prague, mais on a 2 absents (Maxime Sellier et Ousmane Diallo, NDLR) qui sont en Équipe de France U23 en stage, ils préparent le tournoi de Hambourg. Ils vont nous manquer, mais ils vont prendre de l’expérience.

« On aime créer une famille »

En quelque sorte, la philosophie de la section Cécifoot rejoint les valeurs historiques du FC Nantes, partagées par Pierre Aristouy : « former des hommes avant de former des joueurs ».
C’est exactement ça. On préfère avoir des mecs impliqués, ceux qui habitent le plus loin sont à 50 kilomètres. Ils participent à la vie du club, aux sensibilisations dans les écoles, les entreprises de la région. Certains sont là depuis plus de 10 ans, ça permet d’expliquer l’histoire du club et du cécifoot aux nouveaux, de les intégrer.
On aime créer une famille, c’est aussi le plaisir de s’entraîner chaque semaine ensemble.

Essentielles pour conduire cet état d’esprit, comment se passent les relations entre votre coach et l’effectif ?
Le coach a changé cette année, il s’appelle Yann Perez. Avant c’était notre guide, troisième gardien, et entraîneur adjoint, il a pris de l’expérience, c’est aussi un passionné.
L’entraîneur précédent a plutôt fait un intérim de deux, trois ans, post covid. Il souhaitait un peu se retirer, donc ça tombait bien.
Tout se passe très bien avec Yann Perez, il connaît la discipline, il est du coin, il connaît les joueurs. Il est arrivé comme bénévole au début, il a appris, il était là toutes les semaines, et quand il y a eu une place de coach qui s’est libéré, il a pris la place. Il n’y a pas besoin de diplôme pour venir, c’est l’expérience qui fait les diplômes.

Sur un axe davantage personnel, quel a été votre parcours qui vous a mené à porter le brassard de capitaine du FC Nantes aujourd’hui ?
Le club existe depuis 2006, à l’époque il n’y avait qu’une section malvoyante, et ensuite a été créée en 2011 la section non-voyante, qu’on appelle la section B1. Moi, je suis arrivé pile à ce moment-là après avoir joué sur Bordeaux et Paris. Donc j’étais un des seuls joueurs d’expérience à arriver dans l’équipe, la plupart débutaient, on était seulement deux à avoir déjà joué.
Je venais de la région à la base, et j’y revenais, donc avoir de l’expérience m’a amené naturellement à être capitaine. Après, j’étais là à tous les entraînements, j’étais capitaine dans mes anciens clubs, j’ai toujours été un peu capitaine, je suis un passionné ! Je ne loupe jamais un entraînement, même blessé, c’est un état d’esprit en dehors qui fait un tout.

« Je n’aurais jamais imaginé porter le maillot de l’Équipe de France »

Vous avez maintenant débuté votre carrière il y a 14 ans, en 2009, parmi tous ces matches et expériences, quels ont été vos plus beaux souvenirs en club ou en sélection ?
Il y en a beaucoup.
En Équipe de France, mon plus beau souvenir c’était ma première sélection. C’était un match amical contre le Japon à Paris en 2013, première fois qu’on porte le maillot, premier hymne national. J’aurais jamais imaginé porter ce maillot.
Après, il y a eu des matches de Coupe d’Europe perdus aussi. J’ai joué 3 championnats d’Europe, les 3 je m’en rappelle très bien, en Italie, en Allemagne et en Angleterre, ça en fait des souvenirs.


En club, le meilleur souvenir c’est la finale de la Coupe de France en 2019. On était pas du tout favoris, on a réussi dans les premiers tours à battre des équipes plus fortes que nous, ce qui a ouvert le tableau. On est allé jusqu’en finale contre le grand Mérignac, et là c’était que du plaisir.
Je me rappelle que la demi-finale était le samedi, on a gagné, et après ça on prenait notre douche dans le vestiaire mais on y croyait pas trop.
Le lendemain on a joué une finale sans pression, on a perdu, mais c’était très honnête.

Te reste-t-il des ambitions dans ce sport, à quoi aspires-tu personnellement ?
J’ai 34 ans, j’ai quand même fait une grande partie de ma carrière, même si je peux jouer encore longtemps. J’aurais jamais imaginé jouer en Équipe de France, c’est chose faite depuis 2013, je suis supporter de Nantes depuis tout petit, depuis 2020 je porte ses couleurs avec en plus le brassard de capitaine. C’est énorme.

À propos du club justement, un dialogue, des échanges existent-ils entre la section cécifoot du FC Nantes et les autres catégories du club ?
Cette semaine on a fait la photo officielle avec les pros du FC Nantes et la famille Kita. Elle devrait sortir bientôt. C’était un super moment, on s’est serré la main, on a parlé ensemble, on a échangé longuement avec la famille Kita, c’était super sympa. On a vraiment eu l’impression de faire partie de la famille, ils nous ont fait un super accueil, on a mangé tous ensemble.
Les années précédentes c’était les débuts, on vient tous les ans initier les petits au Cécifoot, mais là c’était vraiment concret.

J’ai 34 ans mais je suis supporter de Quentin Merlin qui a 20 ans, Douglas Augusto qui vient d’arriver, et là on leur sert la main mais en fait les gars sont normaux, c’est des mecs classiques.
Ça a mis un grand coup de projecteur sur nous, on a eu l’impression d’être considérés par le club, même si on est pas pros.
Le FC Nantes nous aide financièrement, on a les tenues, les nouveaux maillots. D’ici peu on va refaire les sensibilisations avec les jeunes et les salariés du club. Concrètement on a de vrais liens avec le reste du club. Si on le souhaite on peut avoir des places pour aller à la Beaujoire comme si on était licenciés à proprement dit. Tout est parfait.

Quels sont vos liens avec les jeunes dans cette discipline ?
Depuis un an, on a ouvert une académie entre 6 ans et 16 ans. On a beaucoup de mal à se faire connaître auprès de ces gens-là, ils habitent souvent à la campagne ou sur la côte. On a un groupe de 5/6 jeunes qui viennent s’entraîner tous les samedis matins avant notre séance. Ils sont ultra contents, pareil pour leurs parents et leurs grand-parents. Ils viennent voir nos matches c’est super sympa.

« Le Cécifoot ça ne laisse pas indifférent »

Observez-vous une évolution de la médiatisation du Cécifoot et du regard porté sur celui-ci ces dernières années ?
Souvent la médiatisation est faite par des événements, comme dans les autres sports. On est régulièrement suivis par les journaux locaux, voir plus nationaux. J’ai l’impression que parfois des gens découvrent encore, c’est jamais assez mais je trouve quand même ça très respectable pour une discipline qui possède seulement 200 licenciés en France.
Quand on le voit, quand on le pratique c’est impressionnant. Le cécifoot ça ne laisse pas indifférent, on trouve des bénévoles assez facilement car quand on voit ce sport, on tombe amoureux très facilement.
Je suis sûr qu’aux Jeux Paralympiques, toutes les places seront vendues, ce sera une discipline phare, en plus le site est magnifique, ce sera au pied de la Tour Eiffel.

Pour finir, on en parlait à l’instant, si je vous dis « Jeux paralympiques 2024 », qu’est-ce que cela vous évoque ?
Les Jeux sont donnés à Paris depuis quelques années, j’aurai 35 ans en 2024, je me suis toujours dit que je serai trop vieux à cette date. Finalement je suis toujours sélectionné, même si je ne l’ai pas été pour des matches officiels depuis 2017. Je suis dans un groupe élargi mais objectivement, j’ai peu de chances d’y aller. Devant moi il y a une équipe qui a été championne d’Europe l’année dernière, je fais partie du groupe mais je me donne très peu de chances d’y aller à l’heure actuelle. »

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