Tel le personnage principal interprété par James McAvoy dans le film Split, Franck Kita devait aujourd’hui devant la presse dévoiler de multiples personnalités vis-à-vis d’une situation quelque peu troublante. Alors qu’en avril dernier, il avait remercié Antoine Kombouaré de son poste d’entraîneur du FC Nantes pour sauver le club de la relégation, 10 mois plus tard, c’est ce même entraîneur que le fils Kita accueille à nouveau pour… sauver le club de la relégation.
« Peut-être que ce n’était pas le bon moment pour nous rencontrer. »
Pour ouvrir la conférence de presse, le fils du propriétaire du FC Nantes est d’abord revenu sur les raisons du départ de Jocelyn Gourvennec, en employant des termes dignes d’une déchirante séparation amoureuse :
« J’ai appris à connaître Jocelyn, c’est une très belle personne, un grand professionnel. Malheureusement, dans cette situation qui est celle d’être à la tête d’un club, il faut des résultats. Quand il est arrivé, il était au milieu de tableau, là on est relégables. Peut-être que ce n’était pas le bon moment pour nous rencontrer. On est la place où on mérite probablement d’être. Sa gestion avec les joueurs, avec le centre, était top, mais il manquait des résultats. »
Il a ensuite été logiquement interrogé sur son ressenti à postériori concernant sa décision de se séparer de Pierre Aristouy en octobre dernier :
« Je ne pense pas à ce qui a été fait auparavant, je me dit qu’il reste 8 matches et qu’il faut regarder vers l’avant. Si on en est là, c’est qu’on a tous fait des petites erreurs. Je vous le rappelle, on a toujours parlé de maintien depuis le début de saison, on aurait pu ramener quelques points de plus, mais on l’a pas fait, on fera un point en fin de saison une fois le maintien obtenu. »
« On a toujours essayé cette année de faire comme Antoine ferait »
Les journalistes présents ont souligné la situation assez particulière du FC Nantes dans cette Ligue 1 : elle est la seule équipe à avoir changé d’entraîneur cette saison parmi tous les clubs dans la course au maintien. Pour Franck Kita, c’est avant tout un problème de nostalgie :
« Peut-être que le fonctionnement avec Antoine a un peu trop marqué le club. Il y a des liens qui se sont créés avec les joueurs et les employés, quand on gagne ensemble ça crée des liens incroyables. On a toujours essayé cette année de faire comme Antoine ferait, on regrettait beaucoup cette période. Je pense que le retour d’Antoine va redonner beaucoup d’énergie à tout le monde, avec un fonctionnement qui nous correspond. »
« Avec le budget qu’on a, on n’est pas trop mal. »
Dans un autre registre, la situation sportive du club a été critiquée dans les questions posées par la presse. En effet, cela fait désormais 3 saisons consécutives que les Canaris luttent pour leur survie dans l’élite, et la fin de saison qui se profile rappelle clairement l’exercice précédent :
« Ces trois dernières années, on s’est maintenu en barrages, l’année d’après on vous a amené au Stade de France, on a ramené un trophée, l’année d’après on est retourné au Stade de France, on a joué la Coupe d’Europe.
Les moins de 19 ans sont champions deux fois d’affilée, on arrive même en final four de la Youth League. Les filles sont deuxièmes, la réserve est deuxième, les moins de 19 ans sont deuxièmes. Avec le budget qu’on a, on est pas trop mal. On a prolongé nos cadres : Lafont, Castelletto, Simon.
Jean Charles a une annonce à vous faire 📮 pic.twitter.com/ykGEsKdAdq
— FC Nantes (@FCNantes) February 10, 2024
Ce ne sont pas des détails, il s’est passé plein de choses avec eux, et on sait qu’on va garder cette ossature. On arrive même à garder nos jeunes talents, à prolonger des joueurs comme Nathan Zézé. Les résultats sont là. On vend des joueurs dans des grands clubs. À mi-saison, on est toujours sur la route pour le maintien. Voilà le bilan. »
Franck Kita a ensuite précisé les termes du nouveau contrat d’Antoine Kombouaré, et ses éventuelles limites :
« Pour la durée de contrat d’Antoine, je ne pourrais pas l’assurer en Ligue 2, c’est pour ça. La donne est complètement différente en Ligue 2. Si on reste en Ligue 1, on prolongera l’aventure, si on descend, on reverra les plans. »
« Quand les gens envahissent la pelouse contre Angers, ce sont des émotions exceptionnelles. »
À nouveau les crispations récurrentes concernant les dernières fins de saisons sont revenues sur la table, avec en souvenir le stress infligé par le barrage contre Toulouse en 2021, et par la dernière journée contre Angers en 2023 :
« Avouez que vous avez vécu des émotions importantes même avec des maintiens. Quand les gens envahissent la pelouse contre Angers, ce sont des émotions exceptionnelles. Où est-ce que vous allez trouver ça ailleurs ? Le stress il est partout dans tous les clubs, pour le titre, pour l’Europe ou pour le maintien. Tout ça ça me donne une énergie incroyable, j’ai besoin de tout ça. Avec une semaine de trêve comme ça, je tourne en rond. »
Forcément, suite à ces déclarations, il a été rappelé à Franck Kita ses paroles d’octobre dernier, au moment du départ de Pierre Aristouy. Le directeur général du club disait alors vouloir « s’éviter une psychose » :
« Votre question est déjà drôle, pas besoin de répondre… »
Avant de prévenir :
« Tous les ans faut se battre pour rester en Ligue 1, c’est une compétition. Il n’y a que 2 points d’écart, tout est possible. Ça sera tous les ans comme ça, ça sera de plus en plus dur. »
« il y a 1 semaine je ne pensais pas à un changement d’entraîneur »
L’annonce de l’arrivée d’Antoine Kombouaré a surpris tous les Nantais, y compris le principal concerné. Alors, que s’est-il passé dans la tête des Kita ?
« Sincèrement, il y a 1 semaine je ne pensais pas à un changement d’entraîneur. Après, les planètes se sont alignées, c’est marrant.
Depuis un an, des intendants au staff, on entend souvent parler d’Antoine, les joueurs en ont parlé un certain nombre de fois ensemble. Ces échanges nous ont confirmé que l’histoire n’était pas terminée. Avec Antoine, c’est comme si on s’était quitté hier. »
« Perdre à la Beaujoire c’est un scandale »
Enfin, le fils Kita a rajouté des éléments de compréhension sur les événements observés en tribunes contre Strasbourg, et également sur sa gestion à venir des Jeux Olympiques :
« On était tous en colère après Metz, Clermont, Strasbourg. Je comprends parfaitement leur colère, à nous d’inverser la tendance et les faire revenir vers nous. Perdre à la Beaujoire c’est un scandale, surtout face à nos concurrents directs. De toute façon on a absolument besoin de nos supporters, le maintien ne se fera pas sans eux.
Pour les JO, c’est le cadet de mes soucis, laissons passer ces deux mois et on en parlera ensemble. »
