Ce samedi 17 février, le FC Nantes accueillait à la Beaujoire le leader incontesté de la Ligue 1, le Paris Saint-Germain, pour le compte de la 22ème journée du championnat. Une rencontre sur le papier particulièrement déséquilibrée, avec un PSG qui ne s’était pas incliné sur territoire français depuis le mois de septembre, et qui ressortait d’une victoire importante en Ligue des Champions contre la Real Sociedad (2-0). De l’autre côté, les Nantais avaient retrouvé le chemin du succès à Toulouse une semaine plus tôt (2-1), après avoir échappé aux 3 points en Ligue 1 depuis le 2 décembre dernier (victoire 1-0 contre Nice).
Surtout, si l’on en croit les réseaux sociaux, c’était sur des acteurs particuliers de la rencontre que les regards allaient être tournés. Car depuis plusieurs semaines, c’est bien souvent sur l’équipe arbitrale que les critiques étaient concentrées côté Canaris. Une tension qui s’est apaisée au Stadium le weekend dernier, avec une prestation de Gaël Angoula qui n’avait prêté à aucune contestation. Ce samedi, à l’heure d’accueillir le PSG, c’était donc une mission de continuité dans l’apaisement qui attendait Jérôme Brisard.
Arbitre à l’aller, arbitre au retour
Au mois de décembre dernier, M.Brisard avait déjà eu l’occasion de réguler les débats entre Parisiens et Nantais, au Parc des Princes cette fois-ci. Distribuant trois cartons jaunes aux Jaune-et-Vert, et un aux hommes de Luis Enrique, sa prestation avait été limpide, héritant d’un 7/10 de la pat de L’Équipe, à tel point que ce match fût un des rares cette saison à ne pas être analysé par Tribune Nantaise.
Le natif de Châteaubriant a à nouveau eu la chance d’arbitrer un match entre Nantes et Paris relativement calme, et sans gros accrocs. Il a néanmoins refusé un but et un penalty au FC Nantes en première période, avant d’en accorder un au Paris Saint-Germain en fin de rencontre. Nous nous pencherons ici sur ces 3 situations décisives.
Remarques liminaires : cette analyse est effectuée par un arbitre officiel amateur ne prétendant pas détenir la vérité absolue. Elle se base essentiellement sur les textes des Lois du Jeu, des déclarations publiques d’Antony Gautier (directeur de l’arbitrage) ainsi que sur la jurisprudence créée par des situations antérieures. Reste que chacune des décisions arbitrales prises le sont dans le contexte d’un match en particulier, et ne doivent pas systématiquement être comparées.
Première période : Les Nantais malheureux ne voient pas le destin leur sourire
- 45ème minute (tous les extraits analysés sont disponibles sur Canal+), alors que les Nantais sont largement dominés, ces mêmes Canaris vont enfin de l’avant. C’est curieusement Jean-Charles Castelletto qui se retrouve dans la surface parisienne, et effectue un centre à ras de terre pour Douglas Augusto au point de penalty. À la réception, le milieu brésilien tend le pied, tandis que Lucas Hernandez tacle. Le ballon finit dans les bras de Gianluigi Donnarumma, et Douglas Augusto au sol. M.Brisard fait signe de jouer.
- Ici, il faut avant tout souligner que dans un premier temps, le défenseur parisien touche le ballon, ce dernier se retrouvant entre le pied de Hernandez et d’Augusto. Dans un second temps seulement, une fois le ballon échappé, le pied de l’international français vient effectivement toucher la jambe du Brésilien. Reste que le contact est très léger, et est effectué avec le coup-de-pied. Au regard des Lois du Jeu, Lucas Hernandez a ici disputé le ballon avec précaution. Décision correcte ✅
Soulignons ici l’attitude des joueurs nantais, s’attroupant à 4 (Chirivella, Mohamed, Augusto, Coco) autour de l’arbitre, fermant d’office la possibilité de dialogue.
- Ici, il faut avant tout souligner que dans un premier temps, le défenseur parisien touche le ballon, ce dernier se retrouvant entre le pied de Hernandez et d’Augusto. Dans un second temps seulement, une fois le ballon échappé, le pied de l’international français vient effectivement toucher la jambe du Brésilien. Reste que le contact est très léger, et est effectué avec le coup-de-pied. Au regard des Lois du Jeu, Lucas Hernandez a ici disputé le ballon avec précaution. Décision correcte ✅
- 45ème (+3) minute, dans la foulée quasiment, Pedro Chirivella tire un corner pour Nantes. Il est repris de la tête par Tino Kadewere, qui la remet au capitaine nantais. Ce dernier centre à nouveau, cette fois pour Nicolas Pallois, qui, d’une reprise de foulée, vient ouvrir le score. La joie est de courte durée, le but est refusé pour hors-jeu.
- Commencons par rappeler qu’ici, ce n’est évidemment pas la position de Nicolas Pallois qui est sanctionnée, mais bien celle du passeur décisif Pedro Chirivella.
Ce dernier se situe en dehors du terrain au moment où le ballon quitte la tête de Tino Kadewere. Alors, que disent les Lois du Jeu dans cette situation ?
La Loi 11 dispose que si un joueur de l’équipe en attaque quitte le terrain puis le regagne depuis la ligne de but et fait action de jeu, le joueur sera considéré comme étant sur la ligne de but pour toute situation de hors-jeu.
Ainsi, le fait de sortir du terrain n’empêche pas un joueur d’être hors-jeu, au contraire. Notons tout de même que si un défenseur parisien avait été au premier poteau, et partiellement en dehors du terrain, il aurait remis Pedro Chirivella en jeu, car il aurait lui aussi été considéré comme étant sur la ligne de but.
Enfin, certains l’ont rappelé, dans la foulée de la tête de Kadewere, le ballon est dévié par la tête de Kolo Muani. Reste que cela ne change rien, car pour mettre Chirivella en jeu, il aurait fallut que le geste soit une « action délibérée », or plusieurs critères prévus à la Loi 11 empêchent ce qualificatif.
En effet, le ballon parcourt une très courte distance, n’est pas visible par Kolo Muani, va rapidement, est aérien, sa direction n’est pas prévisible, et l’attaquant parisien n’a pas le temps d’organiser ses gestes. Bonne décision ✅
- Commencons par rappeler qu’ici, ce n’est évidemment pas la position de Nicolas Pallois qui est sanctionnée, mais bien celle du passeur décisif Pedro Chirivella.
Seconde période : Pas grand chose à l’horizon, puis Mbappé
- 76ème minute, alors que le capitaine de l’Équipe de France a fait son entrée en jeu il y a peu, il reçoit un ballon a l’entrée de la surface nantaise par Vitinha. Il tente un petit pont, réussi, sur Douglas Augusto, qui est pris de vitesse et le fait trébucher. Jérôme Brisard, parfaitement placé, indique le point de penalty.
- Kylian Mbappé gagne ici très clairement son duel, et est en capacité de récupérer le ballon, un critère important (mais pas déterminant) dans la décision finale. Douglas Augusto est loin du ballon, malgré le fait qu’il le dispute clairement. La décision est juste, et ne souffre d’ailleurs d’aucune contestation sur le terrain.
En effet, Moussa Sissoko ne prend pas un avertissement pour avoir « manifesté sa désapprobation en paroles ou en actes », mais bien pour « comportement anti sportif », et plus spécifiquement pour « s’être comporté de manière irrespectueuse envers l’esprit du jeu », en cause, le fait d’avoir déconcentré Kylian Mbappé dans l’exécution de son penalty. Décision correcte ✅
- Kylian Mbappé gagne ici très clairement son duel, et est en capacité de récupérer le ballon, un critère important (mais pas déterminant) dans la décision finale. Douglas Augusto est loin du ballon, malgré le fait qu’il le dispute clairement. La décision est juste, et ne souffre d’ailleurs d’aucune contestation sur le terrain.
Tout comme au match aller, Jérôme Brisard a donc eu l’occasion d’arbitrer un match sans aucune polémique, dans lequel les décisions importantes à prendre étaient plutôt limpides, et ne laissaient pas vraiment place à l’interprétation. Il écope d’ailleurs d’un 6/10 par L’Équipe, une note assez timide à la vue d’une prestation particulièrement bonne.