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Y avait-il penalty sur Augusto, Guessand et Abline ? L’analyse arbitrale de OGC Nice – FC Nantes

Malgré la victoire des Nantais, le match a été marqué par de nombreuses décisions litigieuses. Analyse arbitrale de OGC Nice - FC Nantes d'un arbitre officiel amateur.

Ce dimanche 31 mars, c’était un soir de premières à l’Allianz Riviera. Le premier match d’Antoine Kombouaré depuis son retour à la tête du FC Nantes, une revanche à prendre pour Nice face à l’équipe qui a été la première à la vaincre cette saison (1-0), et le premier match du FC Nantes arbitré par M.Dechepy depuis la demi-finale de Coupe de France contre Lyon l’année dernière (1-0).

C’était avant tout un match entre deux équipes en très mauvaise forme, mais aux objectifs bien différents. Pour rester en course pour la Ligue des Champions, l’OGC Nice se devait de battre les Canaris, tandis que ces derniers avaient absolument besoin des trois points pour s’éloigner de la zone rouge. À ce jeu là, ce sont les Jaune-et-Vert qui sont ressortis heureux et soulagés, suite à une courte victoire 2 buts à 1.

Une rencontre marquée tout de même par une succession de faits litigieux à partir de l’heure de jeu, une série initiée par une altercation entre Jordan Lotomba et Pedro Chirivella, et conclue par 3 situations consécutives de penaltys. Nous reviendrons dans cette analyse sur ces 4 événements survenus en seconde période.

Remarques liminaires : cette analyse est effectuée par un arbitre officiel amateur ne prétendant pas détenir la vérité absolue. Elle se base essentiellement sur les textes des Lois du Jeu, les déclarations publiques d’Antony Gautier (directeur de l’arbitrage) ainsi que sur la jurisprudence créée par des situations antérieures. Reste que chacune des décisions arbitrales prises le sont dans le contexte d’un match en particulier, et ne doivent pas systématiquement être comparées.

Seconde période : Après le calme, une altercation et la tempête

  • 57ème minute (tous les extraits analysés sont disponibles sur Prime Vidéo), les Nantais déjouent les pronostics et réussissent à montrer un très beau visage depuis maintenant une heure. Reste que, sur une action anodine, juste devant les bancs, Chirivella tente une grand pont sur Lotomba, laissant filer le ballon en touche. Le ballon sorti, l’Espagnol tire son vis-à-vis par le maillot, en réponse, le Niçois pousse le capitaine nantais au niveau de la poitrine avec son avant-bras. Après s’être assuré du retour du calme parmi les acteurs du jeu, M.Dechepy décide d’avertir les deux protagonistes.
    • Tout d’abord, les deux infractions ne peuvent pas être appréhendées séparément, tout simplement car l’une est la conséquence directe de la première. En effet, c’est Pedro Chirivella qui initie l’altercation, en tirant le maillot de Jordan Lotomba alors que ce dernier est déjà au sol, et que le ballon est sorti. C’est un comportement anti sportif clair qui ne peut que mettre le feu aux poudres.
      Reste que, le Niçois ne peut réagir comme cela, et son geste doit être sanctionné. Alors, jaune ou rouge ?
      Un carton rouge doit être toujours justifié par un motif, ici, le seul correspondant aurait été un acte de brutalité. Or, pour exclure un joueur pour cette raison, le coupable doit avoir soit frappé son adversaire, soit avoir agit avec violence ou brutalité (Loi 12).
      Ici, le Niçois pousse son adversaire, il ne le frappe pas, et ne le fait ni avec son poing, ni avec son coude, et ce sans force particulière (pas suffisante pour faire chuter Chirivella qui se laisse clairement tomber), c’est un simple comportement anti sportif ne justifiant pas la sanction suprême.
      Les deux joueurs sont donc sanctionnés pour s’être comporté d’une manière irrespectueuse envers l’esprit du jeu, et en ayant ainsi abîmé l’image du football. Pedro Chirivella est sanctionné pour avoir initié l’altercation, Jordan Lotomba pour avoir répondu de manière disproportionnée.
      Bonne décision ✅
  • 65ème minute, Moussa Sissoko s’inflitre dans la surface niçoise, mais bute sur Marcin Bulka. Le ballon s’élève dans les airs, rebondit, avant d’être touché par Douglas Augusto, lancé à pleine vitesse, il subit dans la foulée un contact avec Dante et s’écroule. L’arbitre fait signe de continuer à jouer.
    • Revenons ici sur deux points distincts : l’existence ou non de la faute, puis le rôle de la VAR dans cette situation.
      • D’abord, soyons clair, il y a évidemment contact. Est-il sanctionnable ? Pour M.Dechepy, les arbitres vidéos et le rédacteur de cet article : non.
        Expliquons maintenant ce qui amène l’arbitre de la rencontre à cette conclusion.
        Il observe avant tout l’évolution du comportement des deux joueurs. Douglas Augusto vient de loin, est lancé à pleine vitesse, et en sautant, il est quasiment certain de perdre l’équilibre et la possession du ballon. En clair, son unique objectif est de toucher le ballon le premier pour obtenir la faute. Concernant Dante, celui-ci, dès qu’il voit Douglas Augusto commencer à sauter, retient son geste et abandonne l’idée de disputer le ballon, il ne peut rien faire de plus.
        Ces différents éléments amènent à cette conclusion pour les arbitres de la rencontre : c’est avant tout Douglas Augusto qui vient percuter Dante plutôt que l’inverse.
        L’objectif de Douglas Augusto dans cette manœuvre est d’ailleurs parfaitement illustré : après être resté au sol près de 2 minutes pour obtenir un penalty, il se remet à courir dès que la décision du corps arbitral est définitive et actée.
        Bonne décision ✅
      • Concernant la VAR, elle peut désormais être utilisée dans deux situations différentes :
        En cas d’erreur manifeste, c’est-à-dire si l’arbitre a pris une décision incontestablement contraire aux Lois du Jeu et qui doit être impérativement corrigée. Dans ce cas, il est appelé à consulter les images par les assistants vidéos. Ici, les explications citées ci-dessus démontrent que, si elle peut être sujette à débats, cette décision n’est pas manifestement erronnée.
        Depuis 10 jours, l’arbitre central peut désormais prendre l’initiative de se déplacer voir les images, mais à certaines conditions. La situation litigieuse doit concerner un éventuel but, un potentiel carton rouge ou un possible penalty, mais le match doit également être rendu dans un moment où le contexte est suffisament particulier et tendu. Ici, le contexte est tout à fait banal. Si le même litige avait eu lieu dans le temps additionnel, il aurait dû aller voir les images.

  • 68ème minute dans la foulée, les Niçois se lancent à l’attaque, Moffi transmet le ballon en profondeur à Guessand, et alors que ce dernier s’apprête à prendre possession de la balle, il subit une béquille de Cömert. Le signalement de Bastien Dechepy n’est pas clair, mais il indique bien un coup de pied de but (un six mètre) pour Nantes. Il est immédiatement appelé à la VAR pour aller voir les images, lui permettant de changer sa décision en accordant un penalty à Nice.
    • Dans cette situation, où deux joueurs courent après une balle en profondeur, c’est un duel de vitesse qui s’engage : celui qui passe devant ne pourra que continuer sa conduite de balle, ou subir une faute de son adversaire.
      Ici, Guessand passe clairement devant Cömert avant que quiconque ne touche le ballon, il a gagné ce duel. Le défenseur suisse vient toucher avec son pied droit le mollet gauche de Guessand, le déséquilibrant forcément, même si l’intention est évidemment de disputer le ballon. Il le fait sans attention, ni égard, ni précaution (termes de la Loi 12.1 correspondant à une attitude imprudente), un comportement qui nécessite d’être sanctionné d’une faute.
      Dans ce cas, c’est la VAR qui a appelé M.Dechepy et non l’inverse, détectant cette erreur manifeste, heureusement corrigée. Bonne décision ✅
  • 75ème minute, pas le temps de souffler, le jeu se déroule désormais de l’autre côté. Matthis Abline, le meilleur joueur de la partie s’engage dans une tentative en solitaire et rentre dans la surface des Aiglons, il passe Lotomba, mais est ensuite bousculé par Antoine Mendy. Penalty pour Nantes.
    • Au niveau du haut du corps, pas grand chose à signaler, ce sont les deux épaules qui se percutent. Il faut regarder plus bas. Alors que Abline a clairement réussi son geste technique, sa hanche subit un choc, bien qu’assez léger, par la cuisse de Mendy. Ce dernier fait un geste avec sa jambe droite qui n’a en aucun cas vocation à disputer le ballon, mais seulement à arrêter la course de l’attaquant nantais. La faute est claire.
      Aucun avertissement ne peut être donné ici, car la faute consiste en une interruption d’une occasion de but prometteuse. Ce motif correspond à un carton jaune, mais uniquement en dehors de la surface de réparation.
      Bonne décision ✅
      Il est fort probable que si M.Dechepy avait décidé de ne pas siffler, il serait allé consulter les images. L’erreur n’aurait pas été manifeste, mais l’accumulation de situations litigueuses en défaveur des Nantais constitue ici un contexte particulier nécessitant en principe l’usage de l’assistance vidéo « managériale ».

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