C’est probablement la belle histoire au milieu des belles histoires de cette CAN. En parallèle du parcours impressionnant de l’Afrique du Sud jusqu’en demi-finales de la compétition, d’un Cap Vert que tout le monde a appris à aimer, ou encore d’une Mauritanie heureuse de faire tomber le géant algérien, c’est bien le pays organisateur qui raconte les plus belles pages de cette édition de football continental.
Un scénario invraisemblable
Il y a deux semaines, après une victoire peu convaincante en ouverture contre la Guinée Bissau, les Ivoiriens enchaînaient les désastres, et les inquiétudes. Défaits logiquement par le Nigéria (0-1), puis humiliés par la Guinée Équatoriale devant un stade Alassane Ouattara abasourdi, c’était leur compétition qui semblait s’éloigner prématurément.
Les Éléphants ne se faisaient pas tellement d’illusions. Avec trois petits points engrangés à l’issue de la phase de groupe, il fallait compter sur un sacré concours de circonstances pour espérer faire partie des meilleurs troisièmes, et accéder aux huitièmes de finale de la compétition. Et encore, si ce hasard advenait, il fallait être audacieux pour imaginer les Ivoiriens rendre une copie différente au tour suivant.
Reste que, il y a parfois dans le football de ces miracles inexplicables.
Le destin d’abord, a vu le modeste Mozambique tenir tête au Ghana, puis le Maroc arracher une victoire contre la Namibie. Des résultats qui réveillent des Ivoiriens résignés jusqu’alors, c’est officiel : la Côte d’Ivoire verra les huitièmes de finale.
Le coup de poker ensuite. De façon tout à fait inédite, Jean-Louis Gasset, sélectionneur de la Côte d’Ivoire depuis 2022, est débarqué en plein milieu de la compétition, au lendemain de la débacle subie face à la Guinée Équatoriale. Le monde du football s’enflamme alors le temps d’une journée sur des échanges entre la Fédération ivoirienne et son homologue française quant à la possibilité d’un prêt du coach des Bleues, Hervé Renard. Le suspens est vite éteint avec le refus de la 3F.
Un sauveur inattendu
Alors, c’est décidé, la suite de cette campagne continentale, les Éléphants la feront sous les ordres de celui qui était jusqu’alors leur entraîneur adjoint, Émerse Faé. Un nom qui résonne du côté de la Jonelière.
En effet, celui qui est né à Nantes, formé à Malakoff, puis au FC Toutes-Aides, avant d’intégrer le centre de formation des Canaris, a disputé pas moins de 126 matches avec les Jaune-et-Vert entre 2003 et 2007. Arrivé dans le groupe professionnel quelques mois après les grandes heures nantaises, il est condamné à voir son club sombrer dans le fond du classement de la Ligue 1, avant de participer à sa relégation en Ligue 2 en 2007, qui le contraint à aller voir ailleurs, du côté de Reading.
Au passagé Émerse Faé revêtit le maillot des Équipes de France jeune, remportant notamment la Coupe du Monde U17 en 2001, et disputant quelques matches en Espoirs aux côtés notamment du jeune Franck Ribéry, sous la direction de René Girard.
Le 25 janvier 2024, dans un moment de crise pour le football ivoirien, Émerse Faé devient donc pour la première fois entraîneur principal d’une équipe professionnelle, lui qui n’a comme seule expérience de coach les U19 de l’OGC Nice et la réserve de Clermont Ferrand.
Un défi donc, sans pression car, après tout, comment faire pire…
Dès lors, l’ancien milieu de terrain se met en tête un seul objectif : faire mieux. En huitièmes de finale, les Éléphants déjouent les pronostics et sortent aux tirs aux buts les tenants du titre sénégalais, l’espoir renaît. Au tour suivant, à l’ultime minute du temps additionnel des prolongations, les Ivoiriens renouvellent l’exploit et sortent le Mali de la compétition. Quelques jours plus tard, dans un match fermé, c’est le verrou Congolais qui saute cette fois-ci, peu importe les efforts des coéquipiers de Samuel Moutoussamy.
Décidément, tout va très vite dans le football. Grâce à un coup de pouce du destin, mais également, et surtout, à un groupe revivifié par le Nantais Émerse Faé, la Côte d’Ivoire est passée d’une équipe en phase terminale, à une équipe aux parfums de finale.
Rendez-vous ce dimanche 11 février, pour savoir qui, du Nigéria de Moses Simon, ou de la Côte d’Ivoire d’Émerse Faé, repartira avec le graal africain.