Ce soir là, à la Beaujoire, en décembre 2020, Randal Kolo Muani avait 21 ans et débutait déjà à la pointe de l’attaque nantaise, tandis que le milieu de terrain était composé du champion d’Afrique en titre Mehdi Abeid, et du capitaine d’alors, Abdoulaye Touré.
Ce soir là, le FC Nantes était 14ème de Ligue 1, à seulement 3 petits points de la zone rouge, l’heure n’était pas vraiment à la joie, dans un stade vide, pas la faute à une sanction cette fois, mais à un virus qui avait, un temps, changé le visage du football.
Ce soir là, au coup de sifflet final, les Canaris s’inclinaient 4 buts à 0 face à Strasbourg, l’ambiance était morose, mais surtout, Christian Gourcuff venait de disputer ses dernières minutes sur un banc de football. Après 942 matches en tant qu’entraîneur professionnel, naviguant entre Lorient, le Qatar, Rennes et l’Algérie.
« Tout ce qui est autour du foot m’a gâché la passion du jeu »
Depuis, le coach breton a définitivement tourné la page, une mise en retrait qu’il a exprimé pour Ouest France :
« J’ai complétement pris du recul, et c’était préparé. Avant ma dernière expérience à Nantes, mon analyse était faite depuis longtemps, il y a eu un cheminement, j’ai vu les choses évoluer. »
Il faut dire que si c’est une certaine forme de foot business qui est visé dans les propos de Christian Gourcuff, les reproches peuvent paraître justifiés à la vue des dépenses relativement modestes du Finistérien durant ses expériences managériales.
Son transfert le plus cher concerne Ismaïla Sarr, qu’il avait attiré depuis Metz en tant qu’entraîneur du Stade Rennais pour un montant d’environ 17 millions d’€. À part ça, aucun des 245 joueurs attirés sous ses ordres dans ses différents clubs n’a excédé 10 millions d’€.
Pourtant, à son compteur de recrues, de très jolis coups ont été réalisés. En dehors du FC Nantes d’abord, Christian Gourcuff est celui qui a ramené à Rennes le désormais déterminant Benjamin Bourigeaud, ou encore Hamari Traoré et Ramy Bensebainy, désormais titulaires à la Real Sociedad et à Dortmund. À Lorient, son flair lors des périodes de mercato a permis de faire découvrir aux yeux de la France des talents tels que Kevin Gameiro et Raphaël Guerreiro, futurs internationaux français et portugais.
Et alors, du côté de Nantes, les Canaris l’oublient souvent, mais ils lui doivent beaucoup. En effet, c’est sous ses ordres que sont arrivés l’historique Ludovic Blas, le déterminant Moses Simon, le taulier Jean-Charles Castelletto, et même le désormais capitaine, Pedro Chirivella. Avec un total de 13 millions d’€ pour ces quatre joueurs, on peut comprendre les propos de Christian Gourcuff, qui sait pertinemment qu’il n’y a nul besoin de dépenser des folies pour attirer les meilleurs.
« Je ne regarde plus pour des raisons volontaires et j’ai arrêté tous mes abonnements de façon assumée afin de ne pas être dans la frustration et le négatif. Je tourne la page et c’était la bonne solution. […] Aujourd’hui, on ne fait plus du foot pour faire du foot mais pour réussir. Un gamin veut vite être comme Mbappé alors que le sport c’est autre chose. On fait du sport pour s’épanouir et après si on peut réussir. Dans le foot, on veut individualiser les choses et on n’est plus dans une histoire technique et une mentalité collective. »