Certains l’attendaient depuis des jours déjà, d’autres craignaient cette annonce, mais c’est désormais officiel : la ville de Nantes ne diffusera pas la Coupe du monde 2022 sur écrans géants.
« Nantes aime les sportives et les sportifs, du monde professionnel et amateur, mais pas à n’importe quel prix », Ali Rebouh (Adjoint à la maire de Nantes)
Cette décision fait écho aux précédentes annonces de Paris, Lille, Marseille, Bordeaux, Lyon, Rennes ou encore Angers, qui prennent également le parti de ne retransmettre aucune rencontre de cette compétition qui fait tant débat. Au total, 22 villes ont annoncé un boycott de cet évènement.
Des pertes humaines impardonnables.
De toute évidence, cette décision est motivée par les innombrables pertes humaines parmi les ouvriers lors de la construction des stades et de la préparation de ce Mondial. Plus de 6500 travailleurs seraient décédés sur les différents chantiers de la Coupe du monde selon le Guardian. De plus, Amnesty International dénonçait dans une enquête un lien évident entre la mort prématurée de ces milliers d’ouvriers et les conditions de travail dangereuses dans lesquels ils étaient employés, parfois illégalement. C’est également ce que dénonce Ali Rebouh, adjoint à la maire de Nantes, et délégué aux sports :
« On ne peut ignorer les conditions de travail insoutenables qui ont conduit à un nombre de victimes considérable pour construire ces stades, qui ne seraient plus utilisés à l’issue de la compétition. La Coupe du Monde de football est un évènement planétaire, une fête populaire que seul le sport permet de vivre ; Nantes, ville sportive, ville de football, ville de liesse comme lors de la victoire du FCN en Coupe de France en juin dernier ou des victoires de l’équipe de France en Coupe du monde 1998 et 2018, n’assurera pas cette année, dans ce contexte si spécifique, de retransmission ».
Une véritable catastrophe écologique.
À ces tragiques décès parmi les ouvriers, vient s’ajouter la question climatique : comment peut-on cautionner la climatisation d’un stade entier alors même que l’on demande aux citoyens du monde entier de faire de minimes efforts individuels ?
« On ne peut ignorer le scandale écologique de leur existence éphémère pour certains, et de leur climatisation à ciel ouvert pour la grande majorité, poursuit la municipalité nantaise, de plus, dans le contexte de crise énergétique internationale que nous connaissons, à Nantes, nous faisons aussi le choix de la sobriété.
La ville de Nantes dénonce également le manque de réaction de la part de la FIFA et de tous les acteurs majeurs du football mondial, et les invite à prendre conscience de l’impact de leurs décisions :
« Les instances dirigeantes de ce sport doivent se sentir pleinement concernées par les réalités du monde contemporain et les conséquences de leurs choix. C’est dans ce contexte que Nantes fait le choix de ne pas assurer de retransmission sur écran géant, laissant cependant les amoureux et amateurs de football, libres de regarder les matchs ».
Une décision critiquée.
Au-delà des supporters déçus, qui comptaient suivre les matchs des Bleus sur écran géant avec leurs amis, certains dénoncent surtout une décision à retardement. Et pour cause, cela fait plus de dix ans que le Qatar a été désigné comme pays organisateur de la Coupe du monde 2022. À seulement un mois et demi du coup d’envoi de la compétition, cette tardive réaction des métropoles françaises est loin de faire l’unanimité et s’apparente, selon certains, davantage à une stratégie de récupération politique qu’à une véritable sanction envers le Qatar.
De plus, du fait de l’organisation du Mondial en hiver, cette annonce amuse de nombreux internautes, qui ne comptaient de toute manière pas sortir voir ces rencontres en extérieur sous une météo peu favorable.